Retour de vacances,
Comme dit précédemment, les égyptiens sont friands de fêtes et de ponts, d’un côté la communauté Copte qui fête Noël le 7 janvier, de l’autre l’Aïd El Kebhir des Musulmans le 9-10-11… cela nous laisse une grande semaine pour se promener dans le pays (ou en sortir, autre possibilité). Bien sûr les Coptes font parfois aussi Noël le 24 décembre, tout le monde fête le réveillon du Nouvel An le 31 décembre, etc... En fait, les Musulmans font comme les Coptes, les Coptes comme les Musulmans, et arrive bientôt le Nouvel An du calendrier lunaire (31 janvier)… Toutes les fêtes sont donc fêtées deux fois, je vous ferais donc bientôt parvenir ma seconde date d’anniversaire. Ramadan est décrété « Mois mort » dans les entreprises, mais vu que l’on se calque parfois sur le reste du monde, le mois d’Août est également un « Mois mort »… dans les creux, nous essayons de travailler.
Ceci pour vous expliquer comment cela marche et que personne ne soit étonné de me voir partir en vacances sitôt rentré de France. Cette fois-ci, ce fût le « grand » voyage en Egypte (une fois, pas deux). Départ du Caire pour Assouan, deux nuits à se reposer dans le palace d’Agatha Christie et François Mitterrand (Old Cataract), un tour dans les villages Nubiens et le désert, avion pour le temple (déplacé) d’Abu Simbel. Puis croisière sur le Nil vers Louxor en s’arrêtant dans les temples Ptolémaïques de Kom Ombo et Edfou. Nous avons terminé par la vallée des Rois et la visite des tombeaux de Ramses III, IV, et Thotmesis III ainsi que du temple de la reine Hapshetsut (qui avait pris la place du petit Thotmesis, trop jeune à l’époque etc…). Nombreuses histoires intéressantes : de nombreux portraits, Dieux et cartouches furent martelés par les pharaons successifs (toujours jaloux du précédent, il était courant d’usurper un temple à son prédécesseur et d’y laisser sa marque), les Chrétiens (transformèrent des tombes et temples en églises, aussi bien des Croisés, que les Coptes), les pillards (le regard était martelé, sans les yeux, le pharaon ne peut voir le voleur), les Bédouins (on installe son troupeau et sa famille dans le temple, d’où de nombreux lieux noircis par les feux), et les Musulmans. Si les blocs manquants sont souvent ceux en haut des pylônes et les toits (parfois situés à plusieurs dizaines de mètres), l’explication est la suivante : les pharaons disparus (attaques successives des perses, turcs, voisins, famine, levée du peuple, installation des grecs et des romains…), les temples perdus (car éloignés ou oubliés) étaient ensevelis par plusieurs mètres de sable, les locaux revenus, ils se servaient de ces pierres restées en surface pour construire leurs habitations (ou parfois d’autres lieux de culte). Ensuite, quand on a commencé à s’intéresser à ce patrimoine, de nombreux villageois n’ont pas hésité à effacer tous hiéroglyphes et dessins sur leurs blocs et murs, de peur qu’on ne vienne démonter leurs maisons…
En plus de la mythologie, tout cela est très étonnant car les marques indélébiles, le patrimoine et l’histoire n’ont bien sûr pas toujours eu la même valeur selon les époques et les locataires des lieux. Encore aujourd’hui, si l’Unesco n’intervenait pas, on perdrait des temples sous les eaux du barrage d’Assouan, sans les français et le reste de la communauté internationale, les temples seraient en ruines. Les Egyptiens s’en fichent et ne visitent même pas les sites, même si le tourisme est le secteur numéro 1 du pays. Il faut bien s’imaginer qu’ils se fichent de tout et que tout est à la fois matière à gagner de l’argent (confère les bakchichs). Il y a ici un chantage à la destruction qui permet à l’Egypte de ne pas payer la restauration de ses monuments tout en en faisant sa première source de revenus. De même que le Canal de Suez est obsolète et avec une fréquentation en baisse, il faut payer plus (les bakshishs… c’est éprouvant). Dernièrement, la France a dû donner 200 000 $ pour laisser passer le Clémenceau (chantage, toute occasion est bonne à prendre). Bref, ceci est un léger coup de gueule et une explication d’un pays qui fait n’importe quoi (il est impossible de terminer quelquechose ici). Finalement, je peux terminer en disant que ce fut une semaine riche en antiquités, histoire, et apéritifs sur le pont ensoleillé. J’en apprends tous les jours un peu plus sur mes hôtes et ils continuent à m’étonner à l’usine. On y arrivera si Dieu le veut (Inch’ Allah), sinon, ce sera Malesh (tant pis). Dans tous les cas, la responsabilité des égyptiens ne pourrait bien sûr ne pas être engagée. Je continue à sourire et essaie de vous faire imaginer comment ça marche…
Deux points d’infos sur ce qui se passe en ce moment : nous continuons à taper sur les Soudanais, 20 morts selon la police égyptienne, 127 selon l’AFP. Les relations entre les Egyptiens et les Soudanais ont toujours été difficiles, c'est un cas général entre les pays de la Méditerranée (Maghreb, Egypte...) et leurs pays limitrophes au Sud. Ces Soudanais sont pour la plupart des populations torturées fuyant le Darfour. Le HCR égyptien les a laissé tombé et ils campent ici depuis presque 1 an. Sinon, il a neigé dans un avion la semaine dernière entre Le Caire et Louxor, je n’étais pas dedans, mais la température y est descendu à -7°C. Les masques à oxygène de fonctionnaient pas, les hôtesses ne se sont pas laissées abattre et ne se sont pas arrêtées d’éponger le couloir ( ????). Finalement le pilote a fait demi-tour. Les passagers ont pu repartir sur une autre compagnie.